Le narcisse, une fleur au charme ravageur, qui revient chaque année nous annoncer le printemps…
Le narcisse, une fleur au charme ravageur, qui revient chaque année nous annoncer le printemps…
Le narcisse est une plante vivace bulbeuse de la famille des Liliacées.
Cette plante herbacée possède des feuilles basales et des tiges creuses au sommet desquelles s’épanouissent une ou plusieurs fleurs, selon les espèces. L’inflorescence comporte six sépales. Soudés entre eux, les pétales forment une couronne ou paracorolle, en trompette ou en coupe, abritant six étamines.
Certaines fleurs de narcisse sont entièrement jaunes, quand d’autres sont toutes blanches. De nombreuses variétés présentent une inflorescence bicolore dans les tons de blanc, crème, jaune ou orange. La teinte peut être pastel (jaune pâle, bisque, nude…) ou au contraire très soutenue (jaune d’or, corail).
Quelques exemples de cultivars de narcisses, parmi les innombrables variétés horticoles existantes :
La langue française utilise le nom vernaculaire « jonquille » pour désigner plusieurs espèces de plantes, celles-ci appartenant pour la plupart au genre Narcissus.
Au sein du genre Narcissus on distingue :
Le terme « jonquille » est souvent employé pour qualifier le narcisse jaune, Narcissus pseudonarcissus, une plante sauvage commune dans le nord-est de l’Hexagone, en Belgique, et plus largement en Europe. Selon les botanistes, la jonquille véritable correspond en réalité à l’espèce Narcissus jonquilla. Son nom nous vient du diminutif espagnol ‘junco‘ et signifie « petit jonc », en référence aux feuilles de la plante. Étroites et dressées, elles sont à l’image des tiges du jonc. Elles portent quatre à six fleurs entièrement jaunes qui forment une ombelle. À l’état naturel, la vraie jonquille croît dans le sud-ouest de l’Europe (en Espagne, son pays d’origine, et au Portugal).
S’agissant des espèces répertoriées dans le troisième sous-genre, Narcissus x, elles sont toutes des narcisses.
Le narcisse jaune (à gauche de l’image) vs la jonquille véritable :
En résumé et en simplifié, une jonquille est un narcisse, mais l’inverse n’est pas toujours vrai !
Le nom de la plante nous vient du grec ‘narkao’ (ναρκάω), qu’on peut traduire par « être engourdi », « être assoupi ». Cela s’explique par les propriétés narcotiques des narcisses.
Dans la mythologie grecque, Narcisse est un homme d’une beauté remarquable à qui les dieux empêchent de regarder son reflet. Condamné à découvrir ce dernier dans l’eau d’une source par le châtiment de la déesse de la vengeance, l’homme vaniteux tombe alors amoureux de son propre reflet, qu’il ne peut plus quitter des yeux. Il finit par mourir de désespoir et plus tard, à l’emplacement où l’on retire son corps, on découvre des fleurs blanches égalant sa beauté (avec une corolle rouge issue du sang de Narcisse, dans certaines versions du mythe). Le personnage mythologique et la plante narcissus ont en commun leur beauté reconnue, leur toxicité et leur attirance pour les points d’eau, les fleurs de la plante s’inclinant dans leur direction.
Le narcisse était déjà connu et employé comme plante médicinale durant l’Antiquité.
En France, au XVIIIe siècle, on utilisait les fleurs de narcisse en infusion pour traiter divers troubles comme la toux convulsive de l’enfant ou l’épilepsie. L’extrait de narcisse des prés fut aussi mis à profit pour guérir les soldats touchés par le tétanos.
Depuis longtemps et aujourd’hui encore, on apprécie le narcisse dans le domaine de la parfumerie. Narcissus poeticus est ramassé à cette fin sur le plateau de l’Aubrac, dans le Massif central, le Jura… On le transforme sur place en matière brute avant qu’il rejoigne les recettes des parfumeries de Grasse.
Dans le langage des fleurs, le narcisse est sans surprise le symbole de l’amour de soi, voire de l’égoïsme.
Dans le dictionnaire des fleurs de son héroïne (Victoria ou le secret des fleurs), l’écrivaine Vanessa Diffenbaugh relie la jonquille véritable au mot-clé « désir », tandis qu’elle prête au narcisse jaune l’idée de « nouveau départ ».
On retrouve la notion de désir associée à la jonquille dans plusieurs ouvrages dédiés au langage des fleurs, dont celui de Louise Cortambert et Louis-Aimé Martin, en 1842, ou celui de Jules Lachaume, cinq ans plus tard. En 1855, l’abbé Casimir Magnat établit le même rapprochement. Son approche catholique le conduit à se méfier du désir et des « convoitises » de notre âme, mais il dresse un joli portrait de la jonquille :
« Si dans vos promenades vous rencontrez un être délicat et charmant, à la talle mince et élégante, à parure d’un vert espérance, à tête penchée paraissant s’échapper avec timidité d’un voile blanc, mais à teint jaune et pourtant animé, vous reconnaîtrez l’usage du désir et vous direz : c’est une jonquille….. La jonquille est une fleur très recherchée à cause de l’odeur exquise et de la beauté de ses fleurs. La belle couleur jaune de la corolle est si douce, si agréable à la vue, qu’on s’est efforcé de l’imiter sur nos meubles, nos vêtements, nos tentures. » Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs
Dans la Grèce d’aujourd’hui comme dans la Grèce Antique, la fleur de narcisse a triste réputation. Les Grecs la considèrent en effet comme un symbole de mort prématurée. Paradoxalement, la jonquille est pour beaucoup un synonyme de renaissance, sa floraison accompagnant l’arrivée du printemps.
Le Pays de Galles ne dénigre pas cette belle fleur, puisqu’il en a même fait son emblème végétal, avec le poireau. D’après une jolie superstition galloise, si vous voyez la première jonquille de la saison, le reste de l’année vous apportera prospérité.
Le narcisse des poètes, très apprécié en parfumerie, est quant à lui l’emblème de la Principauté d’Andorre.
Depuis le début des années 2000, l’institut Curie renouvelle chaque année son opération « Une jonquille contre le cancer », précieux appel à la générosité et à la mobilisation.
Le narcisse utilisé comme fleur coupée offre une assez belle longévité en vase. Il se prête à la création de bouquets printaniers et champêtres, auxquels ses inflorescences jaunes et/ou blanches ne manqueront pas d’apporter de la luminosité.
Vous pourrez associer le narcisse à d’autres fleurs de printemps. On le marie souvent à la tulipe, par exemple. Le narcisse jaune ou orangé sera particulièrement mis en valeur par des fleurs aux couleurs complémentaires. La nature fait bien les choses, car c’est à la même saison que de nombreuses variétés de muscaris, de jacinthes et d’iris nous offrent leurs fleurs violettes ou bleues.
Les tiges droites des narcisses peuvent être au cœur d’une composition épurée et très graphique. Disposez-les délicatement en botte serrée pour créer le tronc d’un « arbre de narcisses », dont le point culminant sera une floraison sphérique époustouflante.
En art floral, on utilise aussi les narcisses avec leur bulbe. Au lieu de les piquer dans de la mousse ou de les plonger dans un vase, on les plante alors dans un contenant rempli de terreau. De la mousse naturelle peut venir garnir le pied des tiges.
En tant que fleur à bulbe, les narcisses se satisfont d’une petite quantité d’eau. Nul besoin dès lors de les immerger dans un vase rempli d’eau. Cela peut même faire retomber leurs fleurs en stimulant la croissance de leurs tiges. Attention toutefois à contrôler régulièrement le contenant pour ne pas assoiffer non plus la plante.
Certains professionnels déconseillent de mélanger les narcisses avec d’autres fleurs coupées, car la sève des narcissus dégage une substance qui accélère la fanaison. Un moyen peut-être pour les « clochettes des bois » de garder toute la lumière sur elle, dans un élan… narcissique 😉
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