Portrait de la tulipe, la plus fameuse des bulbeuses ! Elle n’a guère d’équivalent pour colorer nos printemps…
Portrait de la tulipe, la plus fameuse des bulbeuses ! Elle n’a guère d’équivalent pour colorer nos printemps…
La tulipe est une plante vivace à bulbe de la famille des Liliacées. Elle offre tout un éventail de couleurs, du blanc immaculé au noir cassis, en passant par une multitude de teintes vives ou pastel. Certaines variétés sont bicolores, voire panachées. La fleur est le plus souvent solitaire, dressée au sommet d’une tige creuse de taille très variable, mais souvent comprise entre 20 et 60 cm. Les feuilles alternes sont assez épaisses et allongées.
Pour la majorité des espèces et variétés de tulipes, on compte non pas six pétales mais six tépales, c’est-à-dire trois pétales et trois sépales. Ces deux types de pièces florales étant d’apparence identique chez la plupart des tulipes, la distinction est d’autant plus subtile ! On observe six étamines au centre de la fleur. Le fruit prend la forme d’une capsule ovoïdale contenant de nombreuses graines.
L’inflorescence est plus ou moins ouverte et de forme variée : en coupe, en gobelet, en étoile… La tulipe Perroquet, par exemple, se distingue par ses tépales boursoufflés aux bords parfois frangés. Il s’agit d’une plante à floraison tardive (mai-juin), la saison des tulipes démarrant en mars, voire dès le mois de février.
Celle qu’on appelle communément tulipe des jardins – Tulipa gesneriana de son nom latin – est l’espèce de tulipe la plus cultivée par les professionnels de la fleur comme chez les particuliers. Fruit d’une hybridation ancienne et complexe, elle se décline en de nombreuses variétés et d’innombrables cultivars. La plupart des tulipes horticoles descendent de cette espèce.
Comme d’autres espèces de tulipes, Tulipa gesneriana fait partie des espèces végétales protégées sur l’ensemble du territoire français depuis plusieurs décennies.
La tulipe des jardins est loin d’être la seule représentante de son espèce ! On compte en effet plus d’une centaine d’espèces de tulipes botaniques, à l’instar de :
On compte aujourd’hui plus de 3 000 variétés de tulipes enregistrées. Pour apporter un peu de clarté dans cette profusion de variétés, 15 divisions ont été définies. On peut ainsi classer les tulipes en fonction de leurs caractéristiques florales. Voici trois exemples :
D’après la carte de distribution du programme Plants of the World Online (POWO), tulipa gesneriana est native de la Turquie. Elle a ensuite été introduite dans de nombreux pays : France, Suisse, Grande-Bretagne, Irlande, Italie, Espagne, Allemagne, Tchécoslovaquie, Bulgarie, Roumanie, Russie… Elle s’est développée aussi dans les territoires du Caucase du Nord, en Corée et dans certains États des USA (Massachusetts, Ohio, Alabama).
D’après la fiche portrait de la tulipe de Jardin ! L’encyclopédie, « Tulipa vient de l’ancien français tulipan qui viendrait de la forme latinisée du mot turc ‘tülbend’ qui désigne un turban, mot issu du persan ‘dul-i-ban’, le tout, faisant allusion à la forme de la fleur »
. S’agissant de l’espèce Gesneriana, le mot fait référence au naturaliste suisse Conrad Von Gesner.
« L’Ère des tulipes » désigne une période de l’histoire ottomane ayant débuté par un accord de paix (traité de Passarowitz, 1718) et s’étant achevée par une révolte populaire (rébellion de Patrona Halil, 1730). L’ère fut marquée par un grand engouement par les tulipes au sein de la cour ottomane et de l’élite. Le Grand Vizir lui-même n’échappa pas au phénomène. La passion des Ottomans pour les tulipes gagna les marchés aux fleurs, mais aussi la peinture, la poésie, l’habillement…
Les tulipes ont été introduites en Europe au XVIe siècle, notamment par l’ambassadeur du Saint-Empire romain germanique en Turquie, Ogier Ghiselin de Busbecq, qui envoya des bulbes de tulipes à Vienne.
Au siècle suivant, la fleur a déchaîné les passions des horticulteurs et des acheteurs. Le phénomène fut d’une telle ampleur, qu’on lui a donné un nom : la « tulipomanie ». Aux Pays-Bas, le cours du bulbe de tulipe s’est envolé, avant de s’effondrer en février 1637, occasionnant la ruine de nombreux spéculateurs. Au plus fort de l’épisode, les montants des offres de vente représentaient plus de dix ans de salaire d’un artisan spécialisé… Pour certains observateurs, « la crise de la tulipe » constitue la première bulle spéculative de l’histoire.
Dans le langage des fleurs, la tulipe représente la déclaration d’amour. « La tulipe en bouton ressemble bien à une flamme ; ses couleurs éclatantes (sa couleur primitive semble être le rouge de feu) symbolisent bien la vivacité d’un premier amour »
, remarquait le fleuriste Jules Lachaume dans un livre qu’il a publié en 1847. Une brassée de tulipes rouges apparaît donc comme le choix idoine pour déclarer sa flamme à sa Valentine, son jules ou sa dulcinée !
Les plus superstitieux laisseront peut-être de côté la tulipe jaune, symbole d’amour sans espoir selon l’auteure Sheila Pickles ou encore d’amour en proie au doute, selon d’autres sources. À moins qu’une botte de tulipes jaunes soit un bon choix pour exprimer avec des fleurs sa crainte de perdre l’être aimé… D’autres voient en la tulipe jaune un cadeau idéal pour une amitié de longue date ou à destination d’un proche en convalescence.
Parmi les quelques autres mots-clés associés à la tulipe, on retrouve notamment la magnificence (Pierre Zaccone – 1856, Emma Faucon – 1860).
Comme pour bien d’autres fleurs, la tulipe blanche est associée à la pureté, à l’amour sage… « Vertus enfantines » est l’expression retenue par Clémentine Vatteau (1872) à la vue des pétales blancs de tulipes de l’écluse.
Aujourd’hui, la tulipe est l’emblème végétal de plusieurs pays :
Comme les autres fleurs bulbeuses, la tulipe est une grande buveuse. Ce disant, on peut être tenté·e de lui offrir de généreuses quantités d’eau, mais cela se révèlerait contre-productif (elles auraient tendance à retomber). Il convient donc de rationner cette fleur. Pour un bouquet de tulipes en vase, il est préférable de ne verser que quelques centimètres d’eau au fond du récipient. Un geste à reproduire quotidiennement, pour que les tiges ne se retrouvent jamais à sec pour autant. Il n’est pas nécessaire d’amener l’eau à température ambiante. Les bulbes de printemps apprécient l’eau bien fraîche.
La tulipe n’est pas une fleur à bouquet d’une grande longévité. Ses pétales s’ouvrent rapidement et la chute inexorable de ses tépales intervient plus vite qu’on ne le voudrait. Voici quelques conseils, tout de même, pour prolonger la durée de vie des tulipes en vase :
La tulipe est une fleur coupée très plébiscitée, qui a l’avantage d’être assez accessible (à la fois en termes de prix et de disponibilité : on trouve pléthore de bottes de tulipes sur les étals des marchés, chez les fleuristes ou même dans les supermarchés). Cependant, ce n’est pas la fleur la plus facile à travailler en art floral. Ce n’est pas non plus une fleur coupée très résistante, comme nous venons de le souligner.
Dans une composition florale, la tulipe peut apporter du calme et de la douceur. C’est surtout le cas lorsque son inflorescence est encore bien fermée et que sa tige est gracieusement recourbée. Néanmoins, la tulipe est une fleur libre comme l’air… qui n’en fait qu’à sa tête ! D’abord discrète, elle s’impose au fil des jours au sein de l’arrangement floral, à mesure que ses tépales s’ouvrent et qu’elle se hisse au-dessus des autres végétaux. En effet, la tulipe fait partie des quelques fleurs à bouquet dont la tige continue de grandir une fois coupée. Poussant et ondulant à sa guise, elle peut avoir tendance à déstructurer un bouquet. Ce n’est donc pas la fleur idéale pour un bouquet rond ou autre arrangement assez strict dans sa forme.
Si le côté « désinvolte » de la tulipe est ce qui vous séduit chez cette fleur, misez sur des variétés originales ! La tulipe cornue (Tulipa acuminata) présente une inflorescence pour le moins insolite. Ses tépales effilés forment d’élégants filaments jaunes à leur base et rouge à leur sommet. Elle peut apporter une touche exotique dans une composition florale. Avec leurs tépales ondulés et parfois frangés, les tulipes perroquet apportent elles aussi du dynamisme au bouquet. Il en va de même pour les nombreux cultivars de tulipes dentelées.
Vous préférez la tulipe pour sa facette de fleur romantique ? Privilégiez dans ce cas des tulipes des jardins (Tulipa gesneriana) ou des tulipes Triomphe (Tulipa Triumph) encore en bouton. Les amoureux·ses des pivoines apprécieront certainement de retrouver l’opulence de leur inflorescence parmi les cultivars de tulipes à fleurs doubles, que sont les tulipes à fleur de pivoine. La ressemblance est assez troublante.
Des idées de compositions et bouquets de tulipes
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