Le façonnage des compositions de fleurs est régi par un certain nombre de règles. Pour obtenir un résultat harmonieux, tout est question d’équilibre. Équilibre des volumes, des couleurs, des matières ou encore des lignes. En technique de l’art floral, on distingue cinq types d’expressions naturelles des lignes : la force, l’élégance, le calme, le dynamisme et la pesanteur.
Pour vous présenter les caractéristiques des 5 expressions naturelles d’une composition florale, je m’appuie dans cet article sur les définitions présentées dans le glossaire du site. Je les accompagne d’illustrations avec une composition créée de toutes pièces sur mon éditeur d’images, pour faciliter la mise en exergue de chaque expression.
La force
Autre terme employé : la puissance
La force est apportée par une ou plusieurs lignes droites qui se dressent vers le ciel. Ces lignes symbolisent la puissance, la victoire, l’élévation.
Dans la composition florale exotique nous servant d’exemple, la force est apportée par les tiges bien droites du tritome à longues grappes (Kniphofia uvaria) et la feuille assez rigide du strelitzia, disposée à l’arrière-plan. Comme en yoga, on ressent la puissance d’un « corps » droit et stable, car profondément enraciné. Son ancrage lui permet de s’élever vers le ciel dans un alignement parfait. En art floral, la force peut être apportée par des fleurs fièrement dressées ainsi que des feuilles oblongues ou lancéolées disposées à la verticale. Des branches raides ou autres tiges rigides (comme celles de la prêle du Japon) peuvent également jouer ce rôle.
Pour créer une composition parallèle (symétrique, asymétrique ou graphique), on multiplie les lignes fortes avec des tiges disposées parallèlement les unes des autres (et perpendiculaires au plan de travail).
L’élégance
Autre terme employé : la grâce
L’élégance est apportée par les courbes subtiles, les ondulations. Les végétaux s’élèvent vers le ciel dans un mouvement souple, gracieux.
Que serait un bouquet sans le charme de quelques végétaux ondulant subtilement ? Dans notre exemple, la grâce est apportée par la courbure naturelle des ornithogales. Calla, tulipe, iris, freesia, renoncule, véronique en épi, statice… : bien d’autres fleurs peuvent exprimer l’élégance. Pensez aussi aux branches tortueuses (tiges de saule, de noisetier…) pour renforcer la souplesse et la délicatesse d’une composition florale.
L’expression de l’élégance se retrouve dans des compositions florales de styles très variés. Dans l’art ikebana, on aime particulièrement mettre en valeur – voire accentuer – les lignes sinueuses.
Le calme
Autre terme employé : le repos
Le calme est apporté par les lignes horizontales, qui créent de la quiétude, du repos. Le feuillage ample s’y prête particulièrement.
Dans un bouquet où les végétaux, les formes et les couleurs s’additionnent dans une joyeuse effervescence, l’horizontalité se démarque (sans dénoter) en offrant un repos visuel. Cette ligne parallèle au plan de travail est semblable à la surface d’un lac : paisible, tranquillisante ; quasiment imperturbable. Pour un « retour au calme » au sein de votre composition florale, utilisez par exemple une feuille de philodendron (comme sur l’illustration). D’autres grandes feuilles tropicales s’y prêtent aussi : feuilles de monstera, d’aspidistra, ou encore de colocasia. Un long fagot de branches disposé à l’horizontal peut également produire un effet similaire.
Le dynamisme
Le dynamisme est généralement apporté par des végétaux disposés à l’oblique. Il confère du volume à l’ensemble et permet également de mettre en valeur les autres éléments de la composition.
Les lignes obliques produisent une dynamique qui contrebalance le calme. Elles se distinguent aussi de l’expression de la force. Tandis que les lignes droites jouent la carte de l’ancrage, les diagonales évoquent le soulèvement, la mise en marche. Pour apporter cet élan dans une composition florale, on peut mettre à profit une feuille imposante. Dans notre modèle, il s’agit d’une feuille de palmier, type phoenix. Il est possible aussi d’opter pour une feuille de chamaérops, de chico, d’aralia… Les feuilles palmées (dont le limbe est divisé en segments, comme les doigts d’une main grande ouverte) conviennent particulièrement. Elles évoquent l’explosion d’un feu d’artifice. Vous pourrez aussi choisir des feuilles jaillissantes comme celles de pandanus, dans lesquelles vous créerez des cassures nettes. Néanmoins, les feuilles tropicales ne sont vos seules alliées. N’hésitez pas à créer du dynamisme en utilisant simplement des tiges ou branches droites que vous disposerez en biais dans votre composition.
La pesanteur
La pesanteur permet de prolonger un mouvement, d’apporter de la fluidité avec des végétaux qui tombent en cascade.
Le mouvement retombant a une connotation péjorative : il peut rappeler une plante qui se meure, des larmes qui coulent (comme celles du saule pleureur !), des épaules qui s’affaissent sous l’effet du temps ou de l’abattement… C’est sûrement pour cela que l’expression de la pesanteur a tendance a être écartée des compostions actuelles – et par conséquent, d’être peut-être perçue comme démodée. Pourtant, la pesanteur a sa place dans l’équilibre des lignes d’une composition florale. On l’apprécie notamment pour assurer le prolongement d’un mouvement. À l’image d’une cascade, elle offre de la fluidité. Incontournable dans une composition de style végétatif, qui symbolise la nature, elle s’apprécie aussi dans une composition en hauteur, pour une touche romantique et/ou un effet majestueux. La pesanteur peut être apportée par divers végétaux. Côté fleurs, on peut notamment compter sur l’amarante queue-de-renard (Amaranthus caudatus) avec ses longues panicules retombantes. De même, des grappes de fleur qui ploient offrent une belle avalanche au sein d’un bouquet. Côté verdure, on recourt par exemple à des branches de saule, des tiges de lierre ou encore des feuilles de fougère.
Merci Feminine pour ce joli et gentil retour 🙂
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