Au mois de novembre, les fleurs se font rares au jardin et dans la nature en général. Paradoxalement, c’est sûrement le mois le plus fleuri dans nos cimetières. Toussaint, fête des morts, commémoration de l’armistice de 1918 : novembre est ponctué d’hommages à nos défunts. Des temps de recueillement très souvent accompagnés de fleurs, à l’image des enterrements. Que ce soit lors des obsèques ou des années plus tard, les gerbes et autres potées fleuries demeurent incontournables. Aussi peut-on se demander ce qui explique l’importance des fleurs lors d’une cérémonie funéraire, d’un devoir de mémoire et autres temps de recueillement pour nos morts.
Une touche chaleureuse au milieu du froid
Les fleurs n’ont pas leur pareil pour embellir un lieu. Selon les variétés, les couleurs et le ressenti propre à chacun, elles apportent de la douceur, de la chaleur ou encore de la sérénité. Autrement dit, elles contrastent fortement avec l’ambiance lugubre de nos rites funéraires. Resplendissantes, pleines de vie, les fleurs fraîches viennent contrebalancer un froid omniprésent : le froid des églises, du marbre des cimetières, de nos corps endeuillés, de celui du défunt, de la Toussaint… La capacité des fleurs à apporter du réconfort et de l’apaisement au milieu du vide et du chaos explique certainement en partie l’importance des fleurs lors des cérémonies funéraires et plus largement, les commémorations aux morts.
Le dire avec des fleurs… plutôt que des mots
Lorsqu’on assiste, physiquement ou par la pensée aux funérailles de quelqu’un, il n’est pas facile de trouver les mots justes pour apporter son soutien aux proches du défunt. On aimerait parfois s’affranchir des formules « toutes faites », des phrases « bateau », comme si à force de les répéter, elles perdaient de leur puissance, de leur sincérité… C’est d’autant plus le cas lorsqu’un décès nous choque par sa soudaineté, sa violence ou encore son caractère inacceptable. On se sent parfois maladroits dans nos messages de condoléances ou démunis au moment d’adresser des paroles de soutien à l’entourage du disparu. À mon sens, le langage des fleurs vient alors en support au langage verbal. Les fleurs se font le porte-voix de nos sentiments de sympathie et de compassion.
Pour certains, la démarche d’offrir des fleurs à une personne endeuillée ou de déposer des fleurs sur la tombe d’un être aimé est associé à une dimension plus symbolique. Les fleurs sont alors comme des métaphores, employées pour véhiculer des messages d’espoir, d’affection, d’éternité… Dans les compositions funéraires, on retrouve ainsi souvent des lys blancs, une fleur qu’on associe souvent, dans le langage des fleurs, à la renaissance, l’amour ou encore la paix.
Apporter du concret au milieu de l’abstrait
En apportant ou en faisant livrer des fleurs sur le lieu de la cérémonie des fleurs, on offre quelque chose de concret, de manifeste. Peut-être a-t-on besoin de « matérialiser nos condoléances » pour leur donner plus de consistance ? J’avance là une hypothèse tout à fait personnelle… La mort est un incontournable, mais c’est aussi un impensable. Lors du deuil, on traverse d’ailleurs souvent une période de déni, car on ne peut pas croire à la réalité de la disparition d’un être cher (j’avais d’abord écrit « un être chair »… lapsus ?) Lorsque la chair, justement, lorsque le corps physique n’est plus là, je pense qu’on a besoin de se rattacher à quelque chose de matériel, à l’instar des fleurs. C’est sûrement la raison pour laquelle je suis pour ma part un peu choquée par la formule « ni fleurs, ni couronnes », qui accompagne de nombreux avis de décès. En soi, je trouve tout à fait légitime et bienvenu d’encourager les dons aux associations caritatives lors des cérémonies d’obsèques. Cependant, les promesses de don et les virements ne sont pas tangibles. Je trouve donc malvenu de donner des directives quant à la manière d’honorer la mémoire du défunt, car certaines personnes plus que d’autres ont sûrement besoin de se rattacher – aussi – à quelque chose de palpable.
Entretenir des fleurs comme on entretient le souvenir
Les bouquets de fleurs fraîches, les potées fleuries, les rosiers, les arbustes et autres végétaux naturels requièrent des soins. Leur accorder de l’attention, en veillant par exemple à renouveler ou tailler les plantes sur les tombes de nos proches ou au pied des colombarium, ce n’est pas anodin. « planter des fleurs sur la tombe, c’est témoigner au disparu de l’amour éternel que nous lui portons et lui communiquer qu’il n’est pas seul. Entretenir ces fleurs régulièrement, c’est lui dire que nous ne l’oublierons jamais. »
ai-je ainsi lu sur le blog de https://plaquedeces.fr/. Les plaques funéraires, justement, au même titre que les fleurs, les médaillons funéraires ou encore les bougies du souvenir, sont les messagers de nos émotions et sentiments à l’égard de l’être disparu. C’est souvent sur eux que se porte notre regard lorsqu’on se recueille dans un cimetière. Ils sont en quelque sorte le réceptacle de nos prières. On prend grand soin à les choisir. Telle teinte de fleur car c’était sa couleur préférée. Tel type de plaque tombale car c’est sûrement ce qu’il aurait préféré… En s’attachant à garder en vie ou à faire renaître dans notre mémoire ce qu’on a appris des goûts et de la personnalité du défunt, on entretient son souvenir. Les fleurs et autres ornements de pierre tombale semblent ainsi rappeler, en filigrane, que même lorsqu’ils passent de l’autre côté, nos proches demeurent bien vivants dans notre histoire.