Le mois passé, j’ai eu l’occasion de visiter le magnifique jardin RHS Garden Wisley, au Royaume-Uni. Il me tient à cœur de mettre en lumière cet endroit et de vous partager mes impressions, accompagnées de photos.
Présentation du RHS Garden Wisley
Le RHS Garden Wisley est un jardin remarquable géré par la Royal Horticultural Society (RHS). Il se situe comme son nom l’indique à Wisley, village situé dans le comté du Surrey, au sud-est de l’Angleterre (à 40 km environ de Londres). Il s’agit du deuxième jardin payant le plus visité au Royaume-Uni, avec plus d’un million de visiteurs par an, selon des chiffres de 2019.
Le jardin de Wisley a été fondé par George Ferguson Wilson, un homme d’affaires victorien et membre de la RHS, qui a acheté un site de 24 hectares en 1878. Il a établi « l’Oakwood Experimental Garden » sur une partie du site, où il a tenté, avec succès, de cultiver des plantes difficiles. À sa mort en 1902, le site a été acheté par Sir Thomas Hanbury, un jardinier britannique, qui l’a donné à la RHS l’année suivante.
Aujourd’hui, le jardin s’étend sur près de 100 hectares. Il comprend à la fois des jardins formels et informels, plusieurs serres, un arboretum, un champ d’essais où de nouveaux cultivars sont évalués… Le laboratoire d’origine, ouvert en 1907, a été agrandi et reconstruit pendant la Première Guerre mondiale. Une grande serre en forme de cathédrale, « The Glasshouse », a été inaugurée en 2007 et un nouveau bâtiment d’accueil a ouvert en 2019.
À propos de la RHS
Fondée en 1804, la Royal Horticultural Society est la principale association caritative de jardinage du Royaume-Uni. Elle promeut l’horticulture à travers ses cinq jardins :
- jardin de Bridgewater (Grand Manchester) ;
- jardin de Harlow Carr (North Yorkshire) ;
- jardin de Hyde Hall (Essex) ;
- jardin de Rosemoor (Devon) ;
- jardin de Wisley (Surrey).
La RHS est à l’initiative de grandes expositions florales, dont le Chelsea Flower Show, le Tatton Park Flower Show, le Hampton Court Palace Flower Show ou encore le Cardiff Flower Show. L’association gère aussi des programmes de jardins communautaires et des projets éducatifs. Elle soutient également la formation des jardiniers professionnels et amateurs.
Ma visite du jardin Wisley
C’est au printemps 2025, sous un grand ciel bleu, que j’ai eu la joie de visiter le RHS Garden Wisley. Ce jour-là, il faisait étonnement chaud (ou anormalement chaud, devrais-je sûrement dire). À la mi-journée j’ai même enduré mon legging en jean (venant de moi, c’est dire).
Selon la fiche Google du lieu, les visiteurs passent en moyenne jusqu’à 4 h sur place. Dans mon cas la visite a duré 6 h, mais je serais restée volontiers davantage, tant il y a voir, à faire, à sentir et à ressentir dans ce superbe jardin.
Ayant visité le parc de Keukenhof très peu de temps avant, je n’ai pu m’empêcher d’établir des comparaisons entre les deux jardins. Difficile toutefois de leur trouver des points communs, si ce n’est qu’ils sont tous deux grandioses à leur manière, très bien entretenus, et qu’une journée entière n’est pas de trop pour explorer chacun d’eux. Avec ses 97 hectares, le RHS Garden Wisley est tout de même trois fois plus grand que le parc de Lisse. Si les deux parkings étaient bien remplis, l’affluence ne nous a pas du tout gênés à Wisley. La jardinerie à l’entrée et l’exposition d’art concentraient la foule. Dans le reste du parc, nous avons croisé assez peu de visiteurs. Certaines grandes étendues nous permettaient même de nous croire seuls au monde. Si Keukenhof est très cosmopolite, le jardin botanique de Wisley ne nous a pas du tout donné cette impression. Nous n’avons entendu parler qu’anglais. À l’accueil, les deux jeunes femmes qui nous ont remis un plan de visite semblaient d’ailleurs tout étonnées d’accueillir des touristes français (sooo charming !).
Je garde de Wisley le souvenir d’une fabuleuse journée hors du temps, bienfaisante, propice à l’éveil ou au réveil des sens. J’ai aimé m’enivrer du parfum des glycines dans l’allée de « Wisteria Walk » et retrouver des senteurs de mon enfance au milieu des lilas en fleurs. J’ai apprécié me sentir minuscule au pied des arbres majestueux et libre dans les grandes étendues. J’ai pris plaisir aussi à ramasser quelques fleurs quand j’en trouvais par terre, en prévision de futurs tableaux herbiers.
Les rhododendrons et azalées, qui m’apparaissent comme les rois des jardins britanniques, étaient pleinement épanouis au moment de notre visite.
Cliquez sur une image pour l’agrandir. Toutes les photos de cet article ont été prises par mes soins. Merci de ne pas les réutiliser sans créditer le site Art-Floral.fr.
Camélias, rosiers arbustifs, pommiers et autres pivoines offraient aussi le spectacle de leur généreuse floraison.
Le diaporama suivant présente quelques spécimens ayant retenu mon attention, parce que je n’ai pas le souvenir de les avoir déjà vus ailleurs (même s’ils n’ont probablement rien de rare).
Les arbres du jardin sont eux aussi remarquables. Non loin de l’entrée, « Conifer Lawn », la pelouse des conifères, présente les restes d’une collection de cyprès, plantés au début du XXe siècle. Elle comptait à l’époque une soixantaine de grands arbres. Le site web de la RHS nous apprend qu’un ouragan en 1987 et des vents violents en 1990 ont considérablement réduit la collection. Les trois plus grands conifères visibles sont les seuls survivants.
Plus loin, le « Pinetum » abrite aussi une collection d’arbres centenaires, dont de nombreux conifères. Le verger (« The Orchard ») se présente quant à lui comme une bibliothèque vivante de cultivars de fruits. L’espace comprend notamment des poiriers, des pommiers et des pruniers.
L’ancien laboratoire nous invite à remonter le temps. En nous asseyant sur les bancs de l’amphithéâtre, nous pouvons nous mettre un instant dans la peau des premiers étudiants en horticulture, au début des années 1920. Une bande-son donne à entendre les mots du premier directeur de l’école et des diapositives sont affichées à l’aide d’une lanterne magique.
Petit saut dans le temps dans le bureau des conseillers, avec en ambiance sonore l’écho des machines à écrire et des échanges téléphoniques. Le personnel de la RHS fournit des conseils aux jardiniers en pleine seconde guerre mondiale.
Ci-dessous, quelques photos de notre passage dans la serre de Wisley. « The Glasshousse » couvre la surface de dix courts de tennis et comprend trois zones climatiques : tropicale, tempérée sèche et tempérée humide.
D’autres serres, « The Alpine houses », dont la présentation évolue au fil des jours (si j’ai bien compris) grâce au fait que toutes les plantes sont en pot.
De jolies sculptures sont à découvrir au fil de la visite. J’intègre aussi dans la galerie photo suivante des exemples de points d’information dont j’ai apprécié la présentation.
Maison de la science horticole, « RHS Hiltop » se présente comme le premier centre scientifique horticole d’excellence du Royaume-Uni. L’atrium accueille une exposition permanente. Cette dernière met en avant les bénéfices des jardins sur notre bien-être, témoignages d’experts à l’appui. Il est question aussi de l’utilisation des plantes dans le domaine pharmaceutique. Des vitrines nous offrent également un aperçu de l’herbier de la RHS (qui comprend plus de 86 000 spécimens !).
J’ai beaucoup aimé tout cet espace, dont je trouve la muséographie très réussie. L’ensemble est élégant, en très bon état, et fait la part belle au bois. La RHS nous propose une visite comme je les aime : interactive et sensorielle. Des bornes permettent de prendre part à des enquêtes statistiques. On nous interroge par exemple sur les couleurs de fleurs qui nous attirent le plus. En ayant choisi le jaune, j’ai découvert à la fin du questionnaire qu’il en était de même pour une majorité de personnes. C’est particulièrement le cas chez les femmes (ce sont même trois teintes de jaune sur le podium de la gente féminine, à mon grand étonnement !). Une autre borne invite les visiteurs à une expérience mêlant odeurs et émotions. Hélas, je n’ai rien réussi à sentir, sans savoir qui de mon nez ou du dispositif s’est montré défaillant.
Nous avons eu la chance de visiter le RHS Garden Wisley durant une foire de l’artisanat et du design, qui se déroulait sur cinq jours. L’événement réunissait quelque 250 exposants, installés en plein air ou sous des chapiteaux. Bon, clairement, on attendra d’avoir gagné au loto pour se faire plaisir dans cette foire. 😅 Mais on en a pris plein les yeux avec des créations en tout genre (sculptures, tableaux, bijoux…) toutes plus belles les unes que les autres. Beaucoup de matériaux naturels, à l’instar de ces adorables moutons en laine fabriqués à la main dans le Dorset. Ils avaient l’air tellement doux et tellement moelleux que nous n’avions qu’une envie, aller leur faire un câlin. Je vous rassure, on a quand même réussi à se retenir.
Dans cette foire, le sheep tient une belle place, en revanche le cheap est absent, et c’est tant mieux !
Au sujet des animaux, « mention spéciale » aussi pour les adorables oisons, canetons ou autres oisillons qui évoluent en toute confiance et liberté dans le jardin, aux côtés de leur maman. On a attendu beaucoup de « so lovely ! », et on était pleinement d’accord. 🥰
Notre visite s’est achevée par le passage dans une immense boutique. Beaucoup d’objets d’une grande élégance : vaisselle, bijoux, savons… Il n’y a pas à dire, le raffinement à l’anglaise, c’est quelque chose ! Le revers de la médaille, c’est bien souvent le prix. Les tarifs des articles de papeterie, entre autres, nous ont semblé exorbitants. Les produits d’épicerie fine nous ont paru plus accessibles et très qualitatifs aussi.
En somme, vous l’aurez compris, la visite du RHS Garden Wisley m’a vraiment enthousiasmée. Je recommande sans hésiter ce jardin à tous les amoureux de nature et curieux dans l’âme, habitant ou séjournant en Grande-Bretagne.
"Toutes les fleurs de tous les lendemains se trouvent dans les graines d'aujourd'hui et d'hier."