Adopter des gestes écologiques dans sa pratique de l’art floral

adopter des gestes écologiques en art floralNous sommes nombreux à chercher au quotidien des gestes concrets pour vivre de manière plus écoresponsable. Néanmoins, il n’est pas toujours évident de concilier cette démarche sincère avec le souhait de conserver certains loisirs qui nous sont chers, comme l’est peut-être pour vous l’art floral. Passons tout de même en revue dans cet article quelques astuces simples et choix importants pour avoir une pratique de l’art floral plus vertueuse.

Privilégier les circuits courts

couper fleurs du jardin de bon matinVous disposez d’un jardin dans lequel vous pouvez vous approvisionner en fleurs et feuillage, en prévision d’un temps de création florale ? C’est une très bonne chose. Dans le cas contraire, la recherche d’une ferme florale écologique à proximité de chez vous constitue une alternative intéressante. En évitant d’acheter systématiquement vos fleurs fraîches chez un fleuriste, vous limitez déjà considérablement l’empreinte carbone de votre activité de loisir. Avec les végétaux du jardin, on est dans le circuit ultra court ! À l’inverse, on se procure encore trop souvent, chez les professionnels, des végétaux ayant fait le tour de la terre (j’exagère à peine) avant d’arriver chez nous. Qui plus est, les fleurs coupées du commerce ont pour la plupart été exposées durant leur croissance à divers traitements chimiques nocifs pour l’environnement, ce qui n’est pas le cas (j’ose l’espérer, si vous lisez cet article !) des fleurs de votre jardin.

Si vous procédez vous-même à la coupe de vos végétaux, donc, il convient de le faire au meilleur moment. On déconseille fortement de se mettre à la cueillette aux heures les plus chaudes de la journée, notamment en période estivale. Cueillie lorsqu’elle souffre du manque d’eau, une fleur risque de dépérir prématurément. Or, dans une démarche écologique, il est sensé de chercher à profiter le plus longtemps possible des végétaux qu’on a retirés à la nature. Dans cette même logique « antigaspi », on se retient de cueillir les fleurs des champs, qui ne tiendraient guère plus de quelques heures en vase !
L’idéal est de couper les tiges « à la fraîche », le soir ou mieux encore en début de matinée. Cela vaut aussi pour les plantes d’intérieur exotiques cultivées pour leurs fleurs ou leur feuillage décoratif. De bon matin, les plantes ont reconstitué leurs forces et notamment leur hydratation.

Choisir soigneusement ses végétaux

stop aux roses en hiverLa fleuristerie traditionnelle nous a habitués aux roses disponibles 12 mois sur 12. Pourtant, ce n’est pas plus raisonnable que de trouver des fruits et légumes d’été sur les étals des supermarchés au cœur de l’hiver… Vous avez renoncé aux tomates en janvier ? Que diriez-vous de délaisser aussi les roses en février ? Respecter la saisonnalité des végétaux est une démarche écologique à fort impact. On peut même considérer que boycotter les végétaux « hors-saison » constitue un acte militant. Si nous sommes de plus en plus nombreux à écarter de nos achats les fleurs ayant poussé sous serre chauffée et/ou à l’autre bout de la planète, le secteur sera contraint de s’adapter. Certain·e·s fleuristes propose d’ores et déjà des bouquets plus écoresponsables. Cela dit, à titre d’exemple, acheter des tulipes au printemps n’offre pas la garantie qu’elles ont poussé en France, même si c’est la période à laquelle elles fleurissent sous nos latitudes… Une fois encore, mieux vaut donc s’approvisionner directement chez un producteur de fleurs ou mettre à profit les ressources de son jardin.

Pour se libérer tout simplement de la contrainte de la saisonnalité, il est judicieux de recourir aux plantes séchées. Les bouquets secs et les accessoires décoratifs en fleurs séchées (bijoux, suspensions…) font de plus en plus d’adeptes. Des compositions beaucoup plus durables et qui ne nécessitent pas d’eau sont nécessairement plus écologiques. Sans dire de renoncer aux fleurs fraîches (ce serait d’une tristesse infinie, à mon sens !) il est salutaire de varier les plaisirs créatifs en s’intéressant aussi au travail des fleurs séchées.

Un autre point important concernant le choix des végétaux : ne pas cueillir n’importe où ni n’importe quoi. Envie de renouer avec notre lointain passé de chasseur-cueilleur ? Il est tentant de partir dans la nature, muni·e de son panier et d’un sécateur. La démarche semble à première vue assez écoresponsable, mais gare aux mauvaises pratiques. En forêt, ramasser quelques pommes de pin au pied d’un arbre ne devrait pas poser problème (laissez-en quand même pour les écureuils !). Glaner çà et là quelques feuilles de lierre ou brindilles, sans excès, cela s’entend aussi. En revanche, nombre d’éléments naturels ne sont pas récupérables. Ainsi, le prélèvement du bois mort peut être interdit, car il abrite souvent des espèces animales et végétales. La vigilance est de mise aussi avec la mousse naturelle. Véritable atout de la biodiversité forestière, sa récolte est très encadrée. Quid du houx, du gui et du fragon, très prisés pour les compositions hivernales ? Sur son site web, l’Office National des Forêts indique que « Dans les forêts publiques, l’ONF tolère un ramassage à « caractère familial ». Celui-ci ne doit pas dépasser l’équivalent d’une poignée par personne. » [source – article du 06/12/2022]. S’agissant des fleurs, que ce soit en forêt, dans un champ ou en bordure de route, abstenons-nous de les cueillir. Nombre d’entre elles sont protégées. Quant aux autres, je considère personnellement qu’elles devraient rester un bien commun… N’en privons pas les autres promeneurs ni les insectes.

Économiser l’eau en rationalisant son usage

Lorsqu’on travaille les fleurs fraîches, l’eau est incontournable. Mais à une époque où il est essentiel de consommer cette précieuse ressource avec parcimonie, des gestes d’économie s’imposent. L’étape de la composition du bouquet est souvent très gourmande en eau. Lors d’un atelier d’art floral, faisons la traque au gaspillage. Un bloc de mousse à faire tremper ? Dans ce cas, on peut récupérer l’eau du récipient dans lequel trempent les fleurs en attente de piquage. Exit l’éviter rempli d’eau, comme je l’ai souvent vu. L’idéal : une petite bassine contenant juste suffisamment d’eau pour que le bloc de mousse se gorge uniformément.

tulipes dans des vases de différentes taillesPour abreuver la plupart des fleurs coupées, on conseille généralement de remplir le vase d’eau aux 2/3. Cependant, il est inutile de mettre beaucoup d’eau à certaines fleurs. C’est le cas notamment des tulipes, des gerberas ou encore des jonquilles. Ces bulbeuses ne se porteront que mieux si vous leur fournissez quotidiennement un très petit volume d’eau fraîche. Par ailleurs, puisqu’il est nécessaire de renouveler fréquemment l’eau d’un vase pour conserver ses fleurs coupées plus longtemps, optons pour le contenant au volume le plus adapté. Autrement dit, on évite les vases inutilement hauts ou larges par rapport à la taille du bouquet de fleurs. De la même façon, il est judicieux de se rabattre sur un vase plus petit au bout de quelques jours. En effet, au fur et à mesure qu’on retaille les tiges et qu’on retire les végétaux flétris ou moisis, le bouquet rapetisse. Inutile de conserver un vase qu’on remplit avec 2 litres d’eau lorsqu’un vase d’une contenance d’un demi litre devient pleinement suffisant.

Un bon moyen d’économiser l’eau consiste à renouveler moins souvent l’eau du vase. Bien sûr, cela ne doit pas se faire au détriment de la durée de vie du bouquet. L’idée n’est donc pas de conserver une eau trouble, voire complètement croupie, mais bien de freiner la prolifération des bactéries ! Pour ce faire, il existe quelques bonnes pratiques simples :

  • ajouter un conservateur dans l’eau du vase : il va sans dire qu’il faut opter pour une solution naturelle, comme une pincée de bicarbonate de soude ou un morceau de charbon de bois ;
  • débarrasser les tiges de toutes les feuilles qui pourraient se trouver partiellement ou totalement immergées, car elles dégradent l’eau plus rapidement ;
  • ne pas placer le vase à proximité d’une vitre qui l’exposerait aux rayons du soleil ;
  • la nuit, stocker le bouquet dans la pièce la plus fraîche de votre intérieur, voire dehors (si le risque de gelée est écarté).

Gérer correctement les différents déchets

Comme évoqué précédemment, nombre de fleurs qu’on trouve dans le commerce ont été cultivées à grand renfort d’engrais chimiques et de pesticides (dont certains sont même interdits en France). Il est fort probable que lorsqu’elles rejoignent notre maison, ces plantes présentent encore des traces de ces traitements agressifs. C’est la raison pour laquelle je ne me résous pas, personnellement, à composter les végétaux qui me sont fournis dans l’atelier floral en groupe auquel je participe. J’entretiens mon jardin de manière 100% naturelle et je n’ai pas envie de « tout gâcher ». En revanche, tout ce que je prélève dans mon jardin y retourne sans crainte, par l’intermédiaire de mon composteur.
L’art floral « zéro déchet » relève du vœu pieux. Dès lors qu’on utilise des fleurs fraîches, on produit nécessairement des déchets. Cependant, si on arrivait tous progressivement à se limiter à des déchets verts compostables – et compostés –, ce serait un grand pas en avant pour une pratique de l’art floral écoresponsable.

Le pain de mousse florale vert ou gris est un précieux allié pour la création de compositions florales piquées, mais c’est une plaie pour la planète bleue. Ces blocs synthétiques sont dérivés du pétrole et peuvent contenir des substances chimiques dangereuses pour l’environnement, de même que notre santé. Non biodégradables et non recyclables, ils se désintègreraient une fois secs en microplastiques polluants les eaux et inhalables, d’après ce qu’avance une ferme florale québécoise dans un billet de son blog : « Nos alternatives à la mousse florale ». Je regrette que l’article ne mentionne pas ses sources (je peine moi-même à trouver des infos précises sur la composition des pains de mousse), mais je vous recommande quand même sa lecture. L’article explore quelques pistes en vue de se passer de la mousse synthétique. Le bloc de mousse naturelle semble encore difficile à se procurer, a fortiori lorsqu’on est un particulier. Gageons cependant que cela évoluera rapidement. En attendant, on peut essayer de privilégier les supports réutilisables, à l’instar du « flower frog » ou du grillage à poule.

Une composition florale intègre parfois d’autres éléments non réutilisables que les végétaux et la mousse florale. Il convient dans ce cas de trier soigneusement chaque type de déchet : composter ce qui peut l’être, recycler tout ce qui est recyclable, éliminer proprement le reste…

Ne pas faire l’impasse sur la récup’

recyclage flacon vert bouquet Lorsqu’on a envie de réaliser une composition florale, on n’a pas toujours le bon contenant à disposition parmi nos fournitures. Et comme est il aisé depuis quelques années de trouver en grande surface ou chez des hardiscounters des pots et autres vases à un prix dérisoire, il est très tentant d’acheter des supports neufs pour s’équiper. A minima, privilégions les contenants fabriqués en France à l’aide de matériaux recyclés. En jardinerie, on trouve sans problème des soucoupes en polypropylène. Il s’agit d’une résine thermoplastique, qui a malgré tout le mérite d’être à la fois durable et facilement recyclable.

Essayons aussi d’adopter le réflexe de la seconde main. Des vases et autres récipients d’occasion sont à dénicher dans les brocantes, vide-greniers, ressourceries… La même démarche de recyclage s’impose lorsqu’on souhaite se séparer d’un contenant. Si l’objet est en bon état, pas question de le mettre à la poubelle. On s’abstient également de l’éliminer à la déchetterie avec les encombrants. Mettons-le simplement de côté avec d’autres affaires à donner. En temps voulu, on le porte à une association pratiquant le recyclage solidaire.

Avant d’acheter, que ce soit du neuf ou de l’occasion, prenons également l’habitude de fouiller nos étagères. Elles abritent souvent le contenant idoine pour notre création florale. Avez-vous jeté un œil au fond de votre vaisselier ? Il renferme peut-être un plateau à tarte un peu vintage que vous n’utilisez plus ? Parmi les vieux pots qui prennent la poussière dans votre abri de jardin, certains ne pourraient-ils pas retrouver une utilité en décorant votre intérieur ? De même, n’hésitez pas à détourner les contenants de leur usage premier et à penser au système D. Avant de la porter au conteneur à verre, donnez par exemple une seconde vie à une bouteille de vin blanc. Son col étroit se prête à la création d’un soliflore. Un ancien flacon de sirop ambré ou une bouteille d’huile d’olive peuvent également se voir offrir le même destin.

Autre conseil : réutiliser tous les petits accessoires qui peuvent l’être. On vous offre un bouquet ? Conservez le bolduc ou le raphia qui l’entoure. Idem pour le papier kraft ou cellophane. En outre, même si ce n’est pas très ragoûtant de plonger les doigts au sein d’une composition florale qui a commencé à moisir, pas question de jeter tout en bloc avec les ordures ménagères ! Prenez le temps de retirer les épingles à tête ronde et agrafes ondulée. Idem pour les autres accessoires en métal ou en plastique. Tout ce qui est en bon état mérite d’être nettoyé et séché en vue d’être réutilisé.


Et vous, quelles sont vos idées, astuces ou engagements pour une pratique de l’art floral plus écologique ? N’hésitez pas à les partager dans un commentaire.

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